Le nouveau film de Pablo Larraín, Maria, met en lumière le destin grandiose de Maria Callas, la cantatrice la plus célèbre du XXe siècle. L'actrice Angelina Jolie incarne la légendaire chanteuse, tandis que le réalisateur explore les derniers jours de sa vie à travers un regard contemplatif et poignant.
Filmographie de Pablo Larraín est un reflet du réalisateur : aventureuse, élégante, et angoissée. Son nouveau film, Maria, ne fait pas exception. Après Jackie Kennedy et Diana Spencer, le cinéaste chilien s'attaque au destin grandiose de Maria Callas, la cantatrice la plus célèbre du XXe siècle. Une obsession qui le hante depuis l'enfance, époque où il découvre les opéra s de la chanteuse.
Par rapport à Jackie et Spencer, Maria se présente comme un film plus paisible et contemplatif, et peut-être même son œuvre la plus réussie. \Larraín choisit de commencer par la fin. L'appartement presque vide de Maria Callas, son corps recouvrant sous un voile blanc, est l'image qui ouvre le film. Une image terne et sombre, à l'opposé de la beauté du reste du film capturée par le directeur de la photographie Ed Lachman. C'est peut-être cet élément qui distingue le plus Maria de ses précédents films. Alors que Spencer flirtait avec le fantastique, Larraín filme les délires de Callas en fin de vie comme des songes libérés de toute anxiété. Malgré son caractère intransigeant et ses divagations inquiétantes, le public n'est jamais effrayé par l'interprétation d'Angelina Jolie, dont la détresse est soutenue par le cadre précis du cinéaste. La structure du film, à la fois temporelle et architecturale, devient la dernière fondation du personnage sur le point de s'effondrer. Mais qui tiendra jusqu'à la fin. \Au lieu d'imaginer une Maria Callas dialoguant avec elle-même, Larraín lui prête un ami imaginaire - le jeune journaliste Mandrax. Incarné par le talentueux Kodi Smit-McPhee, cet ersatz de personnage permet au cinéaste de faire parler sa cantatrice, comme un Socrate appliquant sa maïeutique. Cependant, contrairement aux philosophes grecs, Maria à qui Angelina Jolie prête ses traits apparaît plus fragile, surtout lorsqu'apparaît, en filigrane, son dernier espoir de chanter à nouveau. Pablo Larraín, artisan du cinéma, Plasticien presque autant qu'il est cinéaste, s'est particulièrement amusé avec Maria. Passant de la pellicule au noir et blanc, sans oublier le Super 8, il jongle entre les formats, construisant un film morceau par morceau. Le passé de la chanteuse apparaît vidé de toutes couleurs, comme des souvenirs fanés. On retient surtout ceux partagés avec Aristotle Onassis (impeccable Haluk Bilginer), l'un de ses amants les plus célèbres. Larraín, passionné par les femmes dans l'ombre des grands hommes, persiste dans ce long-métrage où Angelina Jolie s'amuse de cet homme presque aussi riche qu'il est laid, lorsqu'il la courtise, avant de succomber à ses charmes et de souffrir de ses trahisons. Cependant, malgré les moments de désespoir qu'il filme, Larraín n'est jamais cruel avec son sujet. Pendant plus de deux heures, Maria Callas est adorée, célébrée, sublimée. L'opéra, en tant que lieu, apparaît comme une extension de sa personnalité. À tel point que le cinéaste s'est appliqué à fabriquer un film comme une pièce, avec ses unités de temps et de lieu, et surtout ses actes, qui découpent le long-métrage comme les rideaux d'un théâtre. Il n'en fallait pas moins pour honorer la légende, à laquelle l'hommage rendu semble à la hauteur de l'héritage qu'elle a laissé.
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