Découvrez l'histoire fascinante du « anonyme de Bordeaux », un pèlerin qui a réalisé le premier voyage connu à Jérusalem au IVe siècle. Son récit de voyage, « Itinerarium Burdigalense », offre un aperçu unique du christianisme naissant et de l'Empire romain.
« Un document exceptionnel » : au tout début du christianisme à Bordeaux , un pèlerin part pour la Terre sainte. Représentation de « Burdigala » durant le Bas Empire, soit du IIe au IVe siècle. La cité gallo-romaine était alors cernée par de hauts remparts. Le récit de voyage de l’« anonyme de Bordeaux » vers Jérusalem est considéré comme le premier témoignage d’un pèlerinage chrétien en Terre sainte.
Il date de 333 « Bordeaux, sur la Garonne, fleuve où le flux et le reflux de l’océan se produisent sur une longueur d’environ cent lieues. » L’une des premières, voire la première, description de Bordeaux, datée de la première moitié du IVe siècle après notre ère, détonne par son exactitude contemporaine. À l’époque, « Burdigala » (le nom latin de Bordeaux) est déjà une cité gallo-romaine prospère et puissante, capitale régionale et port important d’un immense Empire romain contrôlé par Constantin Ier, allant du mur d’Hadrien en « Britannia » jusqu’en Palestine. Sur les berges girondines, l’amphithéâtre antique connu sous le nom de Palais Gallien est toujours debout, la Devèze se jette à l’air libre dans la Garonne, et le fameux Ausone, âgé d’une vingtaine d’années, n’est pas encore le poète qui traversera les siècles. L’auteur de cette précise citation reste mystérieux. Anonyme, il n’est connu que par son seul texte « Itinerarium Burdigalense », récit de voyage datant de 333, dans lequel il retrace son périple de Bordeaux à Jérusalem. Un témoignage qui n’est d’autre que la première trace d’un pèlerinage chrétien en Terre sainte. “ Par ce récit, qui est pour nous un document exceptionnel, notre anonyme cherchait sûrement à faire la promotion du christianisme », Le christianisme est alors en pleine expansion et devient peu à peu religion d’État. L’édit de Milan, accordant la liberté de culte aux chrétiens, n’a que 20 ans ; le concile de Nicée, considéré comme le premier concile œcuménique du christianisme primitif, moins d’une décennie. « Le voyage de ce pèlerin est sûrement lié à l’empereur Constantin et à sa mère, Hélène. Elle part à Jérusalem vers 326 pour édifier quatre basiliques et, selon la légende, aurait retrouvé le tombeau du Christ. Les pèlerinages commencent à ce moment-là. Par ce récit, qui est pour nous un document exceptionnel, notre anonyme cherchait sûrement à faire la promotion du christianisme », développe Francis Tassaux, professeur émérite d’archéologie et d’histoire romaines à l’université Bordeaux-Montaigne et auteur de l’article « Insolite : comment on voyageait depuis Burdigala, en l’an 200, avant les voitures, le train et l’avion Des chercheurs ont mis au point un ViaMichelin de l’Empire romain : calculez vos itinéraires et votre temps de transport au départ de Bordeaux dans l’Antiquité, à pied, à cheval ou en bateau… et selon les saisons Au premier abord, le récit de notre anonyme bordelais paraît quelque peu aride. Il est composé essentiellement de la liste de ses étapes, entre les « civitas » (villes), les « mutationes », sortes de relais routiers situés au bord des voies romaines permettant de changer de monture, et les « mansiones » (des gîtes). La distance entre deux étapes est également notée, mentionnée sous forme de lieues gauloises jusqu’aux frontières de l’Aquitaine, puis en milles romains. En 1999, la mutatio Vanesia, évoquée par le pèlerin, sera même sous un champ à Saint-Jean-Poutge, dans le Gers. Il va également rédiger quelques commentaires peu détaillés sur certains lieux qu’il traverse. « À cette époque, rédiger des itinéraires était à la mode, explique Jean-Pierre Bost, professeur honoraire d’archéologie et d’histoire romaines de l’université Bordeaux-Montaigne. C’était un peu des « cabinets de curiosités », permettant à ceux qui les lisaient de voyager vers des endroits encore inconnus. On en connaît un certain nombre, comme « L’Itinéraire d’Antonin », qui date de la fin du IVe siècle, et la « Carte de Peutinger », une carte romaine toute en longueur dont il ne reste qu’une copie médiévale. » De l’itinéraire du pèlerin de Bordeaux il ne reste que trois fac-similés du Moyen Âge, dont l’un d’entre eux, datant du XIe siècle, est conservé dans les réserves de la Bibliothèque nationale de France, à Paris. Parti de Burdigala, notre pèlerin rejoint Toulouse par Bazas, puis Arles, Milan, Aquilée, Belgrade, Constantinople (Istanbul), Antioche et Jérusalem. De là, il se fait un peu plus prolifique. Arrivé au but de son aventure, il décrit ce qu’il perçoit, se rendant à des endroits clés du récit biblique, mentionnant même une certaine « pierre trouée », soit une grotte, sur laquelle aurait été construit l’actuel « C’est la villa de Brad Pitt en Californie » : une précieuse et antique découverte sous l’abbaye de Sorde dans les Landes Les récentes fouilles menées en l’abbaye Saint-Jean de Sorde ont révélé un sol mosaïqué datant des premiers siècles de notre ère
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