Le gouvernement métropolitain de Tokyo a lancé Tokyo Enmusubi, une application de rencontre visant à lutter contre la baisse du taux de natalité. Cependant, l'application peine à attirer les utilisateurs et son efficacité reste à prouver.
Alarmes par la diminution continue du nombre de naissances, certaines collectivités japonaises tentent de soutenir les Japonais en quête d'amour. L' application de rencontre Tokyo Enmusubi , lancée avec beaucoup de fanfare en septembre 2024 par le gouvernement métropolitain de Tokyo, en est un exemple récent.
Mais en quoi se différencie-t-elle des services proposés par des entreprises privées ? Aurait-elle réellement un impact sur le nombre de bébés à Tokyo ? En la comparant à d'autres applications, on remarque que l'une des principales différences réside dans la procédure d'inscription. Comme pour mettre en avant un aspect administratif, la liste des documents requis est plus longue que celle des autres applications. L'utilisateur doit fournir, en plus d'une pièce d'identité et d'une photo de profil, un document délivré par la mairie attestant qu'il n'est pas marié, un document prouvant son niveau de revenu, ainsi qu'une déclaration écrite attestant la véracité de ces informations. « C'est pour répondre aux attentes des utilisateurs qui souhaitent un service sûr géré par l'administration », expliquent les responsables.Cependant, le nombre d'utilisateurs de cette application s'est élevé à seulement 12 000 personnes vers la fin de l'année 2024, tandis que ses concurrentes, les applications privées, en comptent des millions, voire des dizaines de millions, selon un recensement du quotidien. Les opérateurs des applications privées ne se sentent donc pas menacés par l'initiative du gouvernement de Tokyo : « Grâce à l'investissement de l'administration publique, le regard sur notre secteur s'améliore. C'est une chance pour nous ». À ce jour, un quart des Japonais trouvent leur âme sœur grâce à une application. Ces entreprises se disputent l'attrait des nouveaux utilisateurs en organisant, par exemple, des événements pour eux. Dans ce contexte, le fonctionnement de Tokyo Enmusubi peut paraître un peu rigide. Il est par exemple impossible de demander un rendez-vous à plus de six personnes par mois, et un « match » n'est pas suffisant pour échanger des messages directement avec la personne. De plus, Tokyo Enmusubi est conçue de manière à ce que l'on ne puisse savoir si elle a eu un réel effet sur la démographie de Tokyo, alors qu'elle est financée avec de l'argent public, souligne le quotidien. « Une fois qu'un couple se forme, celui-ci est invité à quitter la plateforme. Impossible donc de vérifier combien de personnes se marient grâce à cette initiative », précise le journal.Masami Saito, sociologue féministe cité par le quotidien, regarde ces projets avec scepticisme. Pour inverser la tendance, elle recommande de s'attaquer au problème à sa racine. « Il serait plus efficace d'améliorer la qualité de vie des travailleurs précaires qui ne peuvent se marier en raison de problèmes financiers ou d'enlever les obstacles qui entravent la carrière des femmes », affirme-t-elle.
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