La Maison Européenne de la Photographie offre une rétrospective inédite à Dennis Morris, photographe jamaïcain devenu légendaire pour ses clichés de Bob Marley et de la scène musicale et sociale noire de Londres des années 70. De son enfance à Hackney à sa rencontre avec l'icône reggae, l'exposition retrace le parcours unique de cet artiste qui a su saisir l'âme d'une génération.
Un rêve. Ainsi Simon Baker, directeur de la Maison Européenne de la Photographie , décrit son désir de travailler avec Dennis Morris depuis que leurs routes se sont croisées, il y a 10 ans. Alors que Bob Marley aurait dû avoir 80 ans le 6 février 2025, l'institution parisienne parachève cette ambition en offrant à son plus célèbre photographe une rétrospective d'envergure, intitulée Music + Life, et répartie sur les deux étages de l'immeuble.
Un voyage conçu de manière chronologique, pour rendre justice à la vie foisonnante de l'artiste, ainsi qu'à son propre cheminement, des rues de Hackney à la Jamaïque, en passant par les milieux punks de Londres. Une enfance à Hackney Si Dennis Morris est né en Jamaïque, il suit bien vite ses parents dans leur voyage sans retour vers le Royaume-Uni. Ils font partie de la génération Windrush, qui tient son nom du navire Empire Windrush, débarqué le 22 juin 1948 sur les côtes anglaises, avec à son bord de nombreux natifs antillais, qui obtiennent la nationalité britannique à la faveur d’une loi votée pour tous les habitants des pays du Commonwealth. En juin, ce sont ainsi 492 immigrés originaires de la Jamaïque et de Trinidad-et-Tobago qui débarquent à Tillbury, un port à l’embouchure de la Tamise, en amont de la capitale. C'est donc à Londres que Dennis Morris grandit, entre les murs d'une église d'Hackney, et plus précisément encore, à Dalston. Il passe le plus clair de son temps entre les murs de l'Église du quartier, où il intègre rapidement la chorale. Déjà, la musique est une passion. Mais elle se voit bien vite supplantée par celle de la photographie, transmise par Donald Patterson. “Je lui dois tout” glisse le photographe alors qu'il déambule au cœur de son exposition, à la Maison Européenne de la Photographie. À huit ans, on lui met un appareil entre les mains – son destin s'en voit bousculé. “Dès lors, tout le monde s'est mis à m'appeler Dennis le cinglé, parce que je prenais tout, absolument tout en photo !” plaisante-t-il. C'est simple, l'acte de la photographie le fascine, presque autant que le processus par lequel il s'accomplit – celui de la chambre noire, de la révélation de l'image. À cette époque, il est un garçon bizarre, à l'opposé de ses camarades passionnés de football. Lui préfère la photographie. Mais là photographie, elle, n'accepte pas aisément un jeune homme noir de l'East End dans son monde. Ses professeurs de l'époque tentent de le décourager. “Ne sois pas stupide, un photographe noir, ça n'existe pas” lui intime-t-on alors, ignorant les pionniers que sont Gordon Parks. Comme pour prendre le contrepied de ces tentatives de dissuasion, Dennis Morris se fait, dans ses jeunes années, le photographe de l'expérience noire. À Hackney, dans les années 1970, celle-ci se fait par la construction de sound systems, et un attrait marqué pour la mode. La mode comme arme d'émancipation “Nous avions beau être très pauvres, vivre à plusieurs dans une même pièce, rien n'était plus important que notre style” sourit Dennis Morris. Ses clichés de jeunesse en témoignent : avec une sobriété qui lui est propre, il capture les gens qui l'entourent, des adultes comme des enfants. Toutes et tous affichent une élégance folle, dans le studio que le jeune homme a aménagé avec les moyens du bord. Vite, le mot circule : un adolescent fait de superbes clichés, pour très peu d'argent. Son succès est à la hauteur de son talent. Loin de se tenir au seul espace de son studio, Dennis Morris s'aventure bien vite dans les rues de son quartier, où il capture l'essence des communautés noires de l'époque. Construction de sound systems, blues parties et marches militantes – voilà peu ou prou les éléments qui animent ses photographies de cette période de sa vie. “Pour les blues parties, tout le monde se mettait sur son trente-et-un: costumes en mohair bicolores, minijupes, coupes afro... Les soirées commençaient le vendredi à 10h du soir et duraient toute la nuit, jusqu'au samedi matin, 8h. L'entrée coûtait cinquante pence, et un shot de whisky et un curry de cabri coûtaient chacun une livre sterling” explique l'artiste sur le cartel d'un cliché intitulé Growing up Black – Sound Systems and blues dances. Sur la route Dennis Morris a 16 ans lorsque sa route croise celle d'un certain Bob Marley. On emploie le mot “croiser”, mais l'adolescent provoque le destin pour que cette rencontre advienne. En effet, fan des Wailers, il décide de sécher les cours le jour où le chanteur performe au Speakeasy Club. Fou d'excitation, Morris se rend devant les portes dès 10 heures du matin… sans savoir que les musiciens ne sont pas les êtres les plus matinaux. Il attend, et attend encore pendant plusieurs heures avant que l'artiste jamaïcain n'arrive enfin. Sans peur, il l'aborde, demande s'il peut le prendre en photo. “Oui” sera la réponse de Marle
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