Cet article explore la musique et la vie de Yoa, une jeune artiste française qui a fait ses débuts avec son premier album, « La Favorite ». Il met en lumière son style musical urbain influencé par ses expériences parisiennes, son écriture introspective et ses préoccupations liées à la sexualité et aux traumatismes.
Urbaine… c’est vrai que c’est un bon mot pour décrire ma musique” souffle Yoa , pensive. La réflexion survient après presque une heure de conversation sur son premier album, La Favorite, paru ce 31 janvier 2025. Pourtant, le terme “urbain” a été utilisé à tort et à travers, souvent pour décrire la musique des personnes noires, comme contraintes dans la périphérie des villes.
Aujourd’hui, l’obsolescence et le racisme d’un tel mot est largement décrié et lentement, l’industrie musicale s’en émancipe. Mais à l’écoute des chansons de Yoa, difficile de trouver un meilleur adjectif. Née au cœur de Paris, elle a passé son enfance entre le 5ème et le 6ème arrondissement, au cœur d’une intense vie culturelle. Ses textes sont le reflet de ces aventures parisiennes, entre les thés au matcha partagés ses copines, tout en se racontant les dernières crasses subies par leurs petits copains (souvent très ingrats). En résultent des phrases assassines, mais tordantes, largement nourries par une lecture (très) assidue d’Annie Ernaux : “Elle met des tonnes de crème sur son visage / Oh mon Dieu comme c'est criminel de prendre de l'âge / Pas d'amour en vue dans son paysage / Mais seulement quelques traumatismes en héritage” clame-t-elle dans le génial “Matcha Queen”. De quoi nous donner envie d'échanger avec l'artiste, récemment nommée parmi les révélations féminines des Victoires de la Musique 2025. Parisienne de souche Nombreux·ses sont les nepo babies à rougir de leurs origines. Voir, à s'en agacer. On peut le comprendre : qui voudrait se voir dire qu'il ne doit pas sa réussite à son talent ? À son travail ? Pourtant, on s'étonne souvent du refus total de reconnaître ses privilèges. Yoa aussi. Ayant grandi au cœur du quartier latin, elle évoque sans honte son enfance parisienne, baignée de culture. Pendant quelques années, elle vit dans l'ancien appartement de Marguerite Duras. “J'ai adoré mon adolescence pour ça, glisse-t-elle. Même si c'était une période compliquée, pour bien d'autres raisons”. Son père est producteur de cinéma et dans ses plus jeunes années, Yoa se rêve actrice. Mais se trouve bien vite dégoûtée par le monde du cinéma : “Je me suis heurtée à des portes fermées parce que je suis métisse. Pas assez blanche pour faire des trucs de blanche, mais pas non plus assez noire pour faire des rôles de noire, comme des filles de banlieue ou des prostituées, puisqu'apparemment, pour les scénaristes français, il n'y a que ça que l'on peut faire” regrette-t-elle. Au crépuscule des années 2010, dans l'intimité de sa chambre, Yoa se laisse aller à la composition, un exercice nouveau pour elle, qu'elle explore en compagnie de Tomasi, son producteur (et ancien compagnon). Lui fait de la musique depuis plusieurs années déjà. Ensemble, il imaginent “Grand large”, la toute première chanson de la jeune femme. Un titre qui figure sur Attente, le premier EP de l'artiste, paru en 2021. Un projet de six titres marqué par une bedroom pop chatoyante, à mille lieux des dernières mutations musicales de Yoa. Mais la première pierre est posée. Une plume nourrie par Annie Ernaux et Lana del Rey Qu'est-ce qui fait la beauté de la plume de Yoa ? Sa simplicité, assurément, nourrie par une esthétique pop et une étude assidue de ses prédécesseuses. “Les grandes chansons d’amour françaises me font toujours pleurer parce qu’elles ne parlent jamais de toi” avance-t-elle dans “Les grandes chansons”. Mais c'est quand elle s'aventure sur le terrain de la sexualité que son écriture se fait la plus douée, nourrie par une admiration débordante pour des autrices comme Annie Ernaux. “Je lis et relis Passion simple sans jamais m'en lasser” glisse-t-elle. Dans “Tu veux me ?”, on perçoit l'influence d'une Shay, que Yoa est allée voir en concert à l'Olympia. “Moins tu me parles et plus t’es excitant” chante la jeune femme, rappelant le “Ich Liebe Dich” de la rappeuse : “J'ai envie de te dire ‘Ich liebe dich’ quand tu ne parles pas, quand tu fermes ta bouche”. “Ce n'est pas un thème vers lequel je pensais que mon écriture allait s'orienter, confie Yoa. Mon écriture est très ancrée dans mon quotidien et le sexe a une place particulière et importante. Parfois il peut être traumatisant, d'autres fois une manière de découvrir son corps et son rapport aux autres”. Dans “Le collectionneur”, avant-dernier titre de son premier album, la chanteuse évoque ainsi un viol subi en s'adressant directement à son agresseur. Une manière de réclamer le contrôle de sa propre histoire, telle qu'elle l'explique lors de ses concerts. “Je l'ai re-croisé récemment, j'étais effrayée. Et puis je me suis rendue compte que de nous deux, il devait être le plus terrorisé depuis que ma chanson est sortie” affirmait-elle en décembre 2024, sur la scène du Trianon. De la pop de chambre à la musique de clubs Il est drôle d'apprendre que Yoa n'est pas une fêtarde, tant son premier album est traversé par des sonorités électroniques, absentes de ses premières productions.
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