La défaite 26-25 du XV de France face à l'Angleterre soulève des questions sur la réelle valeur de cette équipe et sur l'efficacité de l'entraîneur Fabien Galthié.
Après la défaite (26-25) concédée face à une équipe anglaise considérée comme moins forte, de légitimes questions se posent sur le XV de France. S'agit-il d'un simple accident ou ce résultat, qui rappelle étrangement le quart de finale perdu face aux Springboks, ne révèle-t-il pas des problèmes plus profonds ? Bien sûr, on ne veut pas brûler ce que l'on a tant apprécié, mais après ce contretemps à Twickenham , il est difficile de ne pas s'interroger.
Ce XV de France est-il surcoté ? Son potentiel est-il mal exploité par Fabien Galthié ? Le débat est ouvert et la suite du Tournoi pourrait apporter des réponses. Pour l'instant, la sidération domine. Comment cette équipe a-t-elle pu laisser échapper une victoire qui semblait à portée de main ? La presse britannique, qui porte un regard admiratif sur la génération Antoine Dupont, est restée perplexe. D'autant plus que le capitaine des Bleus, idole outre-manche, a lui-même incarné cette incroyable série d'erreurs en approche de la ligne durant la première mi-temps. Matthieu Jalibert, pointé du doigt pour ses lacunes défensives, est-il un bouc émissaire trop facile ? L'ouvreur de l'UBB a livré une prestation appliquée face aux Anglais, mais ternie par ses statistiques aux plaquages. Sa performance ne peut cependant pas être réduite à cette seule dimension. « Une mauvaise journée au bureau » : c'est l'expression anglaise utilisée pour évoquer « un jour sans ». Est-ce la bonne façon d'aborder cette défaite ? C'est l'approche privilégiée par l'entraîneur des Bleus, à chaud. « Si on regarde le contenu, il y a des points positifs, notamment sur tout ce qui a été fait en amont des occasions. Et il y en a eu beaucoup même. On essaie de voir les choses de façon constructive même si l’on est submergé par la frustration, la déception dans un tel scénario. Même si ce discours est fondé, il nous renvoie plus d'un an en arrière. Au débriefing un peu surréaliste qui a suivi la Coupe du monde 2023, Fabien Galthié avait avancé le concept « du nombre de points potentiels » qu'auraient dû marquer les Bleus face aux Sud Africains pour expliquer leur élimination en quarts de finale. Des regrets du Stade de France à ceux de Twickenham dix-huit mois plus tard, il y a comme un fil bien visible entre les deux défaites. « Je penche pour un accident face aux Anglais mais on retrouve quand même des similitudes avec le match contre les Springboks : les occasions ratées, les essais encaissés, les fragilités sur le jeu au pied de pression, les pertes de balle d’Antoine Dupont », relève Patrice Lagisquet, l’ancien entraîneur des Bleus et du Portugal. Les analogies, Pierre Berbizier en souligne aussi beaucoup. « J’ai l’impression de revenir en arrière. Comme lors du quart de finale, j’ai vu des bases fragiles en conquête et surtout en mêlée. J’ai vu le même problème d’efficacité, de concrétisation, les mêmes difficultés sur le jeu aérien, une défense friable. Une équipe qui concède quatre essais peut-elle prétendre gagner le Grand Chelem puisque c’était son ambition ? » Et l’ancien entraîneur du XV de France de plonger le scalpel dans la plaie et de pointer la responsabilité de Galthié dans cette récurrence. « Je pense qu’il est temps de s’interroger, affirme Pierre Berbizier. La qualité des joueurs n’est pas en cause. Les moyens accordés au staff n’ont jamais été aussi importants et à l’arrivée, on se retrouve au point mort avec une seule victoire dans le tournoi en cinq ans. Après la défaite contre l’Afrique du Sud, on s’était servi de l’arbitrage de Ben O’Keeffe comme d’un pare-feu. Là, c’est la défense de Jalibert. Il faut arrêter de se trouver des fausses excuses. Il y a un problème de fond à traiter. Cette équipe a été troublée par son changement de stratégie l’an passé. Est-ce que la transition entre le jeu de dépossession, qui était la norme avant, et un rugby où l’on tient beaucoup plus le ballon, a été bien menée, adoptée par les joueurs ? » L’ancien demi de mêlée international livre pour « Sud Ouest » ses enseignements de la défaite du XV de France en Angleterre (25-26).Ces interrogations sont légitimes. Au vu de son potentiel, on savait que ce XV de France aurait deux rendez-vous délicats à négocier cet hiver : à Twickenham et à Dublin. Il a raté le premier. Il n’est pas encore hors course mais il devra réaliser un sans-faute, s’imposer à Rome et surtout en Irlande pour espérer devancer ses rivaux sur le fil avec la réception de l’Écosse lors de la dernière journée. Cette fin de Tournoi, c’est une sorte de quitte ou double. Un nouvel hiver sans trophée installerait le sentiment que cette génération est en train de passer à côté de son histoire
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