Le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti a présenté son projet de réforme du code de justice pénale des mineurs, visant à accélérer les procédures face à l'augmentation des meurtres violents chez les jeunes. Le pédopsychiatre Maurice Berger, interrogé par Marianne, met en lumière les causes profondes de la violence chez les mineurs, notamment l'influence des cultures claniques et familiales violentes.
Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, s'est rendu à Marseille le 24 août dernier, confronté à une augmentation alarmante des meurtres violents de jeunes, souvent liés au trafic de drogues. Dans le cadre de cette visite, il a présenté en détail son « code de justice pénale des mineurs ». Cette réforme vise à accélérer considérablement les délais de procédure.
\« On va passer de 15 à 18 mois en moyenne à 10 jours, 3 mois maximum pour une décision de culpabilité et 6 à 9 mois pour une décision sur le quantum de la peine quand la culpabilité aura été retenue », a assuré le garde des Sceaux. « C'est plus rapide et efficace, et les victimes pourront demander une indemnisation dans ce même délai ». \En juin dernier, le magazine Marianne avait déjà interrogé le pédopsychiatre Maurice Berger, auteur du rapport « Faire face à la violence en France », sur le sujet de la délinquance des mineurs. Marianne : « Vous consacrez la première partie de votre rapport aux cas de mineurs délinquants que vous recevez dans votre CER (centre éducatif renforcé). Vous constatez une montée de leur violence. Comment la caractérisez-vous ? », Maurice Berger : « Depuis sept ans que je travaille dans ce CER, je reçois des mineurs de plus en plus jeunes, qui rencontrent de plus en plus de difficultés à penser, et qui n’ont plus le sentiment de transgresser la loi. Ils perçoivent l’obéissance à une règle collective comme une soumission insupportable. Certains mineurs provoquent volontairement des incidents et n’hésitent plus à sortir le couteau et à frapper, parfois pour un seul regard, violence qui n’est plus réactive mais gratuite et proactive. Ils éprouvent même un plaisir orgiaque d’aller « jusqu’au bout ». Pour eux, frapper n’est pas grave, et même pour certains, tuer n’est pas grave. », \« Ghettoïsation, précarité sociale, familles déstructurées, on ne cesse d’évoquer ces causes pour expliquer les comportements violents des jeunes délinquants. L’origine de la violence est selon vous plus à chercher dans un fonctionnement familial fondé entre autres sur une culture clanique. Est-ce à dire que la violence des mineurs est aujourd’hui moins sociale que culturelle ? », Maurice Berger : « Le raisonnement sociologique que vous citez est idéologique et ne permet pas de comprendre les multiples causes de l’augmentation de la violence. À mon sens, la psychologie et l’ethnologie sont des outils bien plus adaptés pour appréhender le réel. Dans notre CER, la majorité des mineurs proviennent de familles où règne très souvent une culture patriarcale fondée sur une inégalité homme-femme violente. 80 % des mineurs violents ont été exposés à des scènes de violence conjugales pendant les deux premières années de leur vie. Ces mineurs ont beau être terrifiés par cette violence intra familiale, ils s’identifient malgré tout à leur père érigé en héros négatif qui leur sert de modèle. », \« Une autre mesure préventive serait de faire visiter les prisons aux mineurs », \Le pédopsychiatre évoque également l'influence des organisations claniques, avec un patriarche au pouvoir et une identité groupale dominante, qui contribuent à la violence. Il critique le nouveau Code pénal des mineurs, le qualifiant de « criminogène » car il ne prend pas en compte la structure psychique des mineurs délinquants. Maurice Berger insiste sur la nécessité d'incarcération pour contenir les pulsions violentes et suggère des actions préventives comme la visite des prisons pour les mineurs. Il demeure convaincu qu'un plan global de lutte contre la violence est indispensable pour endiguer la montée de la violence chez les mineurs délinquants.
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