Le retour de Donald Trump au pouvoir s'accompagne d'une série de mesures drastiques concernant l'immigration. Les annonces, qui incluent l'état d'urgence à la frontière, l'utilisation de l'armée et le rétablissement de la doctrine « Restez au Mexique » soulèvent de nombreuses questions quant à leur légalité et leur efficacité. L'article analyse les promesses de Trump sur l'expulsion de millions de migrants et la suppression du droit d'asile, mettant en lumière les difficultés à mettre en œuvre de telles mesures et les risques qu'elles comportent pour la démocratie américaine.
Pour une fois, Donald Trump n'a pas menti.
Après avoir fait de l'immigration son principal thème de campagne, le républicain investi président des Etats-Unis depuis deux jours a d'ores et déjà annoncé la signature d'une série de décrets sur le sujet : rétablissement de la doctrine « Restez au Mexique », état d'urgence nationale à la frontière avec le pays, utilisation de l'armée pour en assurer la surveillance, suppression du droit d'asile et du droit du sol… Le 47ᵉ président des Etats-Unis compte également reprendre la construction du mur frontalier, selon Anna Kelly, la future porte-parole adjointe de la Maison-Blanche. Les premiers effets du retour de Donald Trump au pouvoir se font déjà concrètement sentir. Lundi, l'application CBP One, lancée par l'administration Biden pour permettre aux migrants de prendre rendez-vous afin de déposer leur demande d'asile avant d'entrer aux Etats-Unis, a cessé de fonctionner. Mais derrière les annonces se cachent des mesures anticonstitutionnelles ou inefficaces, souligne Angéline Escafré-Dublet, politiste à l'université Lyon 2. « Nous allons commencer le processus de renvoi de millions et de millions de criminels étrangers d'où ils viennent », a annoncé Donald Trump lors de son discours d'investiture. Est-ce de la pure rhétorique ou le début d'une méthode ? Angéline Escafré-Dublet L'expulsion est très difficile à mettre en œuvre. Ce n'est pas pour rien si, comme en France, on revient sans cesse dessus en annonçant, que cette fois-ci elles seront suivies d'effet. On a beau avoir des listes de personnes annoncées comme expulsables, encore faut-il les identifier, les trouver et les expulser. Face à ces difficultés, Donald Trump annonce qu'il va mettre les moyens pour déployer ces procédures onéreuses. De là à dire que ça sera effectif… Pour l'instant, c'est purement déclaratif. Donald Trump a annoncé le déclenchement de l'état d'urgence nationale à la frontière avec le Mexique et l'utilisation de l'armée pour en assurer la surveillance. Quelles en seront les conséquences concrètes ? Ça me fait surtout penser au périmètre d'action du président des Etats-Unis. En matière de politique intérieure, il est limité. De nombreuses questions internes sont des prérogatives du Congrès. En l'occurrence, le placement de l'armée aux frontières est une prérogative du président en tant que chef des armées. Donald Trump utilise donc son pouvoir de président en la matière. Ces mesures seront-elles efficaces pour lutter contre l'immigration clandestine ? L'immigration illégale, ce ne sont pas que des gens qui passent la frontière en se cachant. La plupart sont des personnes sur le territoire qui n'ont pas pu renouveler leur statut. Rappelons qu'une énorme partie de l'économie américaine fonctionne sur le travail d'immigrés illégaux. Donc, il est faux de croire que Donald Trump va tous les expulser. Non seulement ce n'est pas possible d'expulser tout le monde, mais en plus ça serait contre-productif pour l'économie américaine. Donald Trump a prévu de s'attaquer au droit d'asile. Est-ce possible ? Pour quelles conséquences ? Il n'a pas annoncé quitter la Convention de Genève donc je ne vois pas comment il pourrait ne plus reconnaître le droit d'asile. En raison de sa situation géographique, les Etats-Unis accueillent surtout des réfugiés dits « territoriaux », qui ont suivi une procédure dans un pays sûr et qui ont obtenu l'asile américain. Ils n'arrivent que très rarement par les frontières terrestres et maritimes comme c'est le cas en Europe. Cela semble difficile de sortir de cette obligation internationale. Le président a aussi signé un décret remettant en cause le droit du sol, un principe consacré par le 14ᵉ amendement de la Constitution américaine. Une coalition d'Etats démocrates américains a annoncé porter plainte contre ce décret. Donald Trump peut-il vraiment changer ce droit ? Le droit du sol aux Etats-Unis permet d'obtenir la nationalité américaine dès la naissance. Pour Donald Trump, c'est un problème car cela l'empêche d'expulser les familles composées de parents immigrés et d'enfants citoyens américains. Au début de son premier mandat, il avait séparé les parents de leurs enfants, ce qui avait provoqué de vives réactions. Comme le dernier rempart à l'expulsion des familles semble être le droit du sol, il veut revenir dessus. Mais comment peut-il modifier la Constitution ? C'est la première au monde qui établit la démocratie, va-t-il vraiment changer le fonctionnement du pays parce qu'il n'arrive pas à expulser des familles ? Même si les élus du parti républicain le soutiennent, seraient-ils prêts à renier les textes des Pères fondateurs des Etats-Unis ? Tout cela me semble bien improbable. Toutes les annonces de Donald Trump ressemblent à des actes illégaux pour montrer qu'il veut s'affranchir des lois. Il utilise la thématique de l'immigration pour montrer qu'il a l'intention de s'affranchir des lois
DONALD TRUMP IMMIGRATION USA DROIT DES ASILES DROIT DU SOL CONSTITUTION POLITIQUE INTERNATIONALE
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