Le clarinettiste Yom et les violoniste Théo et le violoncelliste Valentin Ceccaldi, forment un trio unique qui explore les profondeurs du silence musical. Leur projet, intitulé « Le Rythme du Silence », invite à une expérience contemplative à travers une fusion d'influences musicales allant du jazz au classique, en passant par des touches d'Orient et de Moyen-Orient.
On se souvient du bon mot de Miles Davis, qui aimait à en distiller avec une égale coolitude que les chorus : 'La véritable musique est le silence, et toutes les notes ne font qu’encadrer ce silence'.
Mais dans ce cas, que faut-il comprendre par Le Rythme du Silence ? Précisément ce que ça laisse entendre, pourraient tout à fait répondre le clarinettiste Yom et les frères Ceccaldi, Théo le violoniste, Valentin le violoncelliste, qui ont choisi ce titre pour le projet (hors du) commun avec lequel ils tournent depuis le début de l’année dernière. Ce samedi soir, à 20 h 30, ils seront sur la scène du Théâtre de la Maison du peuple, à l’invitation de Millau en jazz, et dimanche, à 18 h, sur celle du théâtre Michel-Galabru, dans le cadre du festival Jazz à Bayssan. Un événement redoublé qui vaut assurément le déplacement, et même plutôt deux fois qu’une, car ces trois instrumentistes de haute volée ne reproduisent pas une recette, mais prononcent une formule, magique, dont la puissance dépend de la réception et qui, partant, s’avère chaque soir renouvelée. Bon, disons-le, c’est à un maître soufi que le trio a emprunté le titre mystérieux de son rituel musical : par rythme du silence, celui-ci désignait ce que nous avons coutume, nous, d’appeler “méditation” ; avouons que c’est plus joli à l’oreille et que c’est parfaitement dans l’esprit du travail de Yom. Une décennie de klezmer De son vrai nom Guillaume Humery, le musicien, premier prix de clarinette en 1997 au Conservatoire régional de Paris, à l’âge de 17 ans, s’est d’abord passionné au klezmer, la musique traditionnelle juive ashkénaze, qu’il a joué pendant une dizaine d’années au sein du groupe l’Orient Express Moving Shnorers. Son premier album solo sous le nom de Yom, New king of klezmer clarinet, en 2008, a tout à la fois servi de bilan de sa décennie d’expertise et de point de départ d’une exploration de nouveaux territoires qui n’a plus cessé depuis. Electro, dub, jazz, rock, folk, blues… Au fil des projets, Yom a frotté sa clarinette à différents idiomes, en faisant chaque fois des étincelles. Néanmoins, c’est toujours en allant du côté de l’épure que le musicien s’est montré le plus déterminant; du côté du less is more que la spiritualité presque intrinsèque à son expression a pu s’épanouir le plus librement. Qu’on se souvienne du Silence de l’exode (notez la référence, déjà, au “silence”), son superbe album de 2014 qu’il avait consacré à l’errance du peuple juif dans le désert ou, l’an dernier, du non moins remarquable Alone in the light, dans lequel il poursuivait son introspection chambriste en duo avec le pianiste Léo Jassef. Le rythme du silence, qui le voit donc s’associer à Théo et Valentin Ceccaldi, comme lui adeptes du nomadisme musical, s’inscrit dans la continuité.En équilibre sur les cordes ici frottées là caressées du violon, ici pincées là frappées du violoncelle, la clarinette s’aventure dans des mélopées déchirantes de mélancolie, ou s’abandonne de jubilatoires danses cathartiques. Traditionnel et contemporain, Orient et Moyen-Orient, jazz et classique, tout dialogue, se mêle et se fond dans les sortilèges du trio qui, lents ou rapides, inspirent pareillement à la méditation. Et au creux des silences qu’ils renferment, comme dans ceux qui leur succèdent, une émotion pure, transcendantale ou tout comme, mais sur le bon tempo, le rythme des battements de nos cœurs. Il faut le vivre
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