L'article examine le phénomène du «quiet hiring», un mode de recrutement discret où les entreprises exploitent leurs salariés existants pour combler les postes vacants au lieu d'engager de nouvelles personnes. Il explore les motivations économiques derrière cette tendance, ainsi que ses impacts sur les employés et le marché du travail.
Si l'on vous dit « quiet hiring », cela ne vous évoque peut-être rien. Un nouvel anglicisme allez-vous dire ? Oui, car après le «quiet firing» et le «quiet quitting», le « quiet hiring » signifie «recrutement silencieux». Il s’agit tout simplement pour les sociétés d’avoir recours à une main d’œuvre interne (ou des prestataires externes) lorsqu’un salarié démissionne ou est licencié, au lieu d’embaucher.
Le but : faire des économies et faire évoluer des salariés sur des postes en plus de ce qu’ils font déjà. Le moyen donc d’acquérir plus d’expérience ou de compétence. Mais à qui cela profite le plus ? Nos confrères de France Inter sont allés à la rencontre de salariés parisiens pour leur demander s’ils connaissaient le concept. Si certains n’avaient jamais entendu parler du terme anglais, ils voient à quoi cela correspond. Charlotte, une juriste, explique cette nouvelle tendance : «Là où avant l’entreprise allait directement embaucher quelqu’un, elle va voir ce qui se passe pendant un moment si n’est pas remplacée.» Pour elle, il s’agit d’un phénomène purement économique : «Si quelqu’un est licencié, la société va voir si ça marche quand même sans cette personne ou si on ouvre des solutions alternatives. C’est le cost cutting poussé à l’extrême.» À lire aussi : Le «quiet hiring», vraie promotion ou désillusion pour les salariés ? Parler de son nouveau rôle avec sa direction ?Olivier, lui, ne connaissait pas le «quiet hiring», mais il a vite compris en quoi cela consistait : «On joue sur la pyramide de Maslow, le besoin d’appartenance. Quand il y a une culture d’entreprise, on est engagé, et parfois, ici ou là, les employeurs ou RH en profitent.» Mais pour lui, il faut savoir dire stop : «Les directeurs m’avaient confié d’autres missions, qui au bout d’un moment, commençaient à peser au quotidien. Il suffit de lever le doigt ou de répartir la tâche», met-il en avant.Se manifester pour dire stop ou faire valoir son changement de poste, Juliette le comprend, mais à son âge, elle ne semble pas encore prête à franchir le pas. «J’aurais une espèce de seuil de tolérance, avoue-t-elle au micro de France Inter. Je me dirais : ‘S’ils me demandent de la faire, cette fois-ci, ça passe’. C’est ce qui crée l’engrenage. Et au bout d’un an, on a fait des missions qui sont bien au-delà de ce qu’on aurait dû faire.»Un marché du travail devenu plus compliqué ?Élise, une autre femme interrogée, est en freelance, et connaît bien le phénomène. Elle dénonce en revanche les entreprises qui emploient des stagiaires à répétition sans avoir à les payer. «Ils enchaînent sans avoir besoin de les payer», dénonce-t-elle, réclamant une meilleure réglementation. Mais pour Julie, si certaines sociétés s’adonnent au «quiet hiring», c’est aussi parce qu’elles n’ont pas le temps ou parce que la nouvelle génération sur le marché est plus compliquée à apprivoiser. «C’est de plus en plus compliqué de trouver des bons profils», avoue-t-elle, évoquant une génération qui «veut tout et rien». Mais alors, à qui cela profite-t-il le plus ?
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