L'arrivée de DAZN comme diffuseur de la Ligue 1 a été accompagnée d'une augmentation spectaculaire du piratage, menaçant la stabilité financière de la plateforme et des clubs de football. Le phénomène, bien que non nouveau, prend des proportions inquiétantes, avec des millions d'utilisateurs français qui accèdent illégalement aux matchs de football via des plateformes IPTV. Les autorités françaises peinent à endiguer cette pratique, tandis que DAZN, confrontée à des pertes financières considérables, risque de se retirer du contrat liant la plateforme à la Ligue de football professionnel (LFP).
L'arrivée de DAZN en tant que diffuseur de la Ligue 1 l'été dernier a entraîné une progression spectaculaire du piratage, un phénomène qui fragilise l'équilibre financier de la plateforme britannique ainsi que celui des clubs professionnels. Les autorités semblent incapables de contenir ce fléau qui, bien que non nouveau, prend des proportions alarmantes pour le football français .
« Ce n'est pas compliqué, DAZN perd 200 millions d'euros par an à cause du piratage », confie une source proche du milieu audiovisuel à l'AFP. Le risque est que DAZN, censée débourser jusqu'en 2029 400 millions d'euros par saison pour diffuser huit rencontres à chaque journée de L1, active en décembre 2025 la clause de sortie du contrat qui la lie à la Ligue de football professionnel (LFP), comme elle en a la possibilité. Un scénario catastrophe qui replongerait encore davantage le football français dans la crise et l'obligerait à chercher un nouveau diffuseur dès la saison 2026-2027 alors même qu'il a eu toutes les peines du monde à en trouver un pour la période 2024-2029. En attendant, DAZN rechigne à s'acquitter de la quatrième échéance prévue dans son contrat avec la LFP, invoquant des conditions d'exploitation difficiles en partie liées au piratage. Un bras de fer est engagé entre les deux parties puisque la Ligue a assigné le diffuseur en référé devant le tribunal de commerce de Paris pour s'assurer du paiement. La plateforme n'a jamais communiqué officiellement son nombre d'abonnés, évalué par plusieurs médias à près de 500 000. Mais, signe de ses difficultés, elle n'a cessé de consentir des ristournes sur son abonnement. Fixé l'été dernier à 39,99 euros par mois sans engagement, il vaut désormais 49 euros jusqu'à la fin de la saison, soit moins de 15 euros mensuels. « L'objectif affiché d'atteindre 1,5 million d'abonnés semble un doux rêve, et le piratage - d'une « ampleur inédite » selon une source proche de la LFP - en est une des principales explications. Les utilisateurs frauduleux utilisent notamment l'Internet Protocol Television (IPTV), un système qui permet à certains acteurs de diffuser illégalement via internet des contenus protégés à des prix dérisoires. « C'est un problème qui touche au-delà du sport, et qui frappe toute l'industrie audiovisuelle », résume cette source. En témoigne, la quantité d'offres sur les réseaux sociaux. Au moins 800 000 internautes bénéficieraient chaque mois de flux obtenus illégalement via l'IPTV selon l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Un chiffre sans doute sous-estimé, si on se fie à un sondage Odoxa publié fin 2024 selon lequel 11% des internautes confiaient utiliser l'IPTV. « Ce dont nous sommes certains c'est que d'une année sur l'autre, le phénomène a progressé », observe Pauline Combredet-Blassel, directrice générale adjointe de l'Arcom. Pour la Ligue 1, 37% des spectateurs ont reconnu l'avoir regardée illégalement selon l'Arcom, ce qui montre l'étendue du mal, faisant de la L1 « le produit le plus piraté de France », comme l'a asséné Vincent Labrune, patron de la LFP, au Parisien en décembre 2024. Face à cela, DAZN comme les autres ayants droit sportifs (Canal+, BeIn...) tentent de riposter. En France, il faut passer par un juge pour obtenir le blocage des sites pirates. Celui-ci émet ensuite une injonction transmise aux fournisseurs d'accès à internet (FAI), une procédure qui peut prendre plusieurs jours. « Les ayants droit ont soit recours à des prestataires, soit à des agents, en interne, dont le travail consiste à déceler les preuves de fraude », explique Pauline Combredet-Blassel. Un travail titanesque, chronophage et payant, qui n'offre pas les mêmes résultats qu'en Angleterre ou en Italie par exemple. « C'est simple : quand en France on bloque 300 sites en un week-end, en Angleterre, ils en bloquent 3 000 », assure une source proche des ayants droit. En Italie et en Angleterre, les ayants droit des championnats ont des accords avec les FAI leur permettant de bloquer directement, sans intermédiaire, les sites frauduleux. « En France, nous nous basons sur un procès-verbal des agents de l'autorité publique, l'exercice n'est pas tout à fait le même », reconnaît Pauline Combredet-Blassel. La méthode de blocage en France est également différente, dite par DNS (le système de nom de domaine, qui empêche d'accéder aux sites), alors qu'en Angleterre et en Italie, le blocage est fait à la source, par IP (adresse qui permet d'identifier un appareil). L'Arcom a bloqué par exemple plus de 1 300 noms de domaines cette saison. Trop peu et pas assez vite selon l'association pour la protection des programmes sportifs (APPS), qui plaide pour la création d'un délit spécifique pour le piratage des contenus sportifs et le blocage en temps réel.
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