Aouel Abdelmajid Bensaid, ancien leader syndical et candidat aux législatives, est jugé pour avoir exploité des locataires dans un immeuble insalubre à Marseille. Il nie les accusations et affirme avoir voulu aider les gens, mais les témoignages des locataires révèlent un récit alarmant de danger, d'insécurité et de précarité. La découverte d'un patrimoine immobilier important et de comptes bancaires en bonne santé contraste avec les conditions de vie des locataires, soulevant des questions sur les motivations et l'intention de Bensaid.
En garde à vue, il a feint de découvrir qu'il possédait 29 studios, croyant n'en avoir que 14 dans la barre infernale du Gyptis, rue Cristofol à la Belle de Mai. Aouel Abdelmajid Bensaid, 47 ans, nie en bloc à la barre du tribunal correctionnel avoir soumis des étrangers vulnérables à des conditions d'hébergement indignes, avoir perçu 400 euros de loyers pour ses taudis malgré un arrêté de péril et n'avoir pas relogé ses locataires.
Sous la coupe des narcotrafiquants, des squatteurs et des marchands de sommeil, l'ensemble immobilier de 269 studios sur 10 étages, évacué le 14 mars 2023, était un concentré d'insalubrité, de péril et d'insécurité tout court. « C'était un enfer », a dit un locataire. Pourtant l'ancien directeur de cinq McDo, ex-leader syndical CGT, candidat solitaire aux législatives de 2022 sur la 4e circonscription de Marseille affirme : « J'ai commencé à acheter en 2015 pour aider les gens. C'était pas pour gagner de l'argent sur la location mais sur la revente ». Ses locataires sénégalais et maghrébins le démentent à la barre comme cette jeune femme traumatisée : « J'ai fait une fausse couche, j'ai perdu mon bébé là-bas à cause des fumées de l'incendie. Je me prends tout le temps de l'électricité, les rats et les punaises. On dort par terre comme des esclaves, y a pas le choix, y a pas de sécurité là-bas. Y a plein de crimes, tu croises des gens masqués avec des pistolets. J'ai pas le choix de partir, je vais où. » La surface financière du prévenu sidère. 34 biens immobiliers à Marseille, Aubagne jusqu'à Antalya en Turquie. Des comptes en banque créditeurs de 130 000 euros, un coffre en banque garni de billets et de pièces en or pour 100 000 euros. En revanche 93 000 euros d'impayés de charges de copropriété au Gyptis. « Pendant le Covid, je l’avais contacté car on ne travaillait pas et que c’était dur de payer. Il avait dit 'Non non tu te démerdes tu payes'. Il m’a même fait menacer par le réseau de drogue. C’est difficile de parler, notre sécurité physique est engagée et ça fait peur. C’est l’immeuble le plus dangereux que j’ai visité. Au Gyptis, on est passé de marchand de sommeil à marchand de misère avec des gens en situation de précarité énorme. Mes locataires ne veulent pas partir, ils ont un loyer assez bas, ils sont contents de ce qu’ils ont.
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