Cet article analyse le désengagement croissant des pays développés face aux enjeux climatiques, illustré par le retrait des États-Unis de l'Accord de Paris et l'inaction des institutions financières face à l'urgence de la crise. Il met en lumière les besoins de financement importants des pays en développement et plaide pour un financement climatique plus efficace, durable et inclusif.
Le désengagement actuel des États-Unis de l'Accord de Paris s'inscrit dans un mouvement anti-durabilité très largement amorcé en 2024. L'un des signaux les plus forts a été donné dans le secteur de la finance, avec le retrait de grandes banques états-uniennes, telles que Bank of America et Morgan Stanley, de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), initiée par les Nations unies, qui vise à mobiliser le secteur bancaire vers une économie neutre en carbone.
La liste des désengagements s'allonge, dans la continuité d'une année 2024 marquée par des déceptions majeures sur le front climatique, principalement en raison de l'incapacité des économies mondiales à prévoir des financements internationaux suffisants. Bien que la Banque mondiale ait annoncé la mobilisation de 42,6 milliards de dollars pour les projets climatiques, ces fonds demeurent largement insuffisants. Pire encore, un rapport d'Oxfam révèle que jusqu'à 40 % de ces dépenses sont impossibles à vérifier, ce qui remet en question la crédibilité de l'annonce et de l'institution qui la porte. À la pré-COP de Bonn, les pays du Nord, responsables de 75 % des émissions historiques, ont également échoué à s'entendre sur un financement substantiel pour soutenir la transition énergétique des pays du Sud, aggravant la fracture et compromettant le principe de solidarité internationale face à la crise climatique. C'est donc sans grande surprise que la COP29 de Bakou s'est clôturée sur le goût amer d'inaction internationale. Les institutions financières sont confrontées au défi climatique, comme confirmé par le sommet du G20 à Rio. Malgré la reconnaissance par les dirigeants du « besoin d’augmenter la finance climatique », leur déclaration finale, vague, évitant ainsi des mécanismes concrets pour mobiliser les milliers de milliards nécessaires, illustre ce manque de volonté politique. Le dernier rapport de la Banque centrale européenne (BCE) met en évidence une insuffisance criante des investissements verts : l'Europe devra mobiliser 477 milliards d’euros par an jusqu’en 2030 pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone en 2050. Ce déficit souligne le rôle crucial des banques et des marchés financiers, et révèle aussi la nécessité de réformes réglementaires pour surmonter les nombreux obstacles actuels. En vue de la COP30, les pays du Sud formulent des demandes claires pour garantir un financement efficace et durable. Ils souhaitent des investissements dans les marchés financiers locaux, ceci en encourageant les investissements privés à soutenir les bourses des pays du Sud. Cela est essentiel pour dynamiser leurs économies tout en favorisant des solutions climatiques concrètes. Des ressources comme la liste des entreprises cotées en Bourse liées aux solutions climatiques dans les pays du Sud peuvent guider les investisseurs. De plus, ils plaident pour le financement en monnaie locale car les prêts et financements en devises étrangères exposent les pays du Sud à des risques de change importants. Par exemple, le Green Climate Fund’s Local Currency Program a approuvé un programme qui permet de fournir des prêts dans les devises des pays en développement, pour atténuer les risques liés aux fluctuations des taux de change et encourager des investissements. Enfin, soutenir les banques et coopératives locales est essentiel. Renforcer les institutions financières locales (ex : les coopératives de crédit) pour canaliser des fonds vers des initiatives communautaires et favoriser une appropriation des projets par les populations. La CIBC FirstCaribbean propose des prêts dédiés aux énergies renouvelables, offrant aux particuliers et aux petites entreprises des solutions de financement pour adopter des technologies vertes. Un rapport de la Climate Policy Initiative explore les outils et initiatives permettant non seulement de protéger les emprunteurs des fluctuations monétaires, mais aussi de stimuler un financement plus durable et adapté aux besoins locaux. Ces initiatives démontrent qu'un financement climatique inclusif peut transformer les défis actuels en opportunités
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