Serge Nicouleau, dernier maître artisan horloger de Castres, a passé la main à Titouan Boyer, un jeune passionné, après une carrière riche en découvertes et en anecdotes.
Au cœur de Castres , dans la petite rue Sabaterie, une boutique chapeauté par de vieilles pendules et horloges comtoises attire l'attention des passants. Derrière la vitrine, le tic-tac intemporel des mécanismes crée une mélodie envoûtante. C'est ici, dans cet atelier à l'atmosphère de musée, que Serge Nicouleau, dernier maître artisan horloger de la ville, a exercé son savoir-faire pendant plus de trente ans.
Après une carrière dédiée à la précision et à la transmission du temps, il vient de passer la main à un jeune passionné, Titouan Boyer. L'histoire de Serge Nicouleau commence loin des ateliers d'horlogerie. De retour des Antilles où il vendait des bijoux, il s'installe à la Salvetat-sur-Agout en 1992. Par hasard, il découvre une boutique d'horlogerie fermée depuis quinze ans, encore remplie d'outils et de pièces oubliées sous la poussière et la rouille. Intrigué, il décide d'apprendre le métier sur le tas, d'abord en observant puis en pratiquant dès que l'occasion se présente. « J'allais voir les vieux horlogers de Castres, j'en connaissais deux ou trois. Ils m'ont donné des conseils, et c'est comme ça que j'ai appris. » Rapidement, il se perfectionne et ouvre une boutique à Castres en 2000, au 19 rue Sabaterie, pour se consacrer uniquement à l'horlogerie. « Ce que m'ont appris les anciens, c'est d'être perfectionniste. » Ce qui le passionne dans ce métier ? La mécanique pure et le défi de redonner vie à un mécanisme. « Partir d'un produit qui ne marche pas et le remettre en état, c'est ça notre ultimatum. » Un travail de minutie qui exige aussi une rigueur extrême. « Ce que m'ont appris les anciens, c'est d'être perfectionniste : il faut que le produit soit impeccable, jusque dans ses pièces cachées, sans la moindre trace de doigt ! » Cette exigence lui vaut une clientèle fidèle et une réputation solide bien au-delà de Castres. Au fil des années, Serge Nicouleau a fait d'étonnantes découvertes dans les entrailles des horloges qu'il réparait. Certains horlogers du passé y avaient laissé des petits messages gravés à la loupe, témoins de leur époque. « Une fois, j'ai trouvé écrit : 'Je suis amoureux de ma patronne' et une autre fois : 'À bas le roi, vive Louis-Philippe !' » Autant d'anecdotes qui rendent chaque restauration unique, comme un jeu de piste à travers le temps. Si les mécanismes n'ont pas changé – les horlogers ne travaillant désormais que sur de l'ancien –, l'évolution des montres a complexifié son métier. « Certaines sont devenues très difficiles à ouvrir, avec des marques et des modèles toujours plus innovants. » Mais l'essentiel de son travail est resté le même : restaurer et réparer pendules et horloges, qu'elles soient en bois, en marbre ou en bronze. Pendant plus de dix ans, il a aussi entretenu les pendules d'édifices religieux, contribuant ainsi à préserver le patrimoine castrais. Le 1er janvier 2025, Serge Nicouleau a transmis son atelier et son savoir-faire à Titouan Boyer, un jeune horloger de 26 ans. Une page se tourne, mais sans regret. « Quand il aura besoin, il pourra toujours m'appeler et je viendrai », confie-t-il dans un sourire. Car un métier passion ne s'abandonne jamais vraiment
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