Un rassemblement de maires a eu lieu à Pérols pour témoigner de l'augmentation de la violence qu'ils subissent dans l'exercice de leurs fonctions. L'article détaille les anecdotes de différents maires victimes d'agressions physiques et verbales, et met en lumière la nécessité d'une loi plus efficace pour les protéger.
Anne Durand, maire de Viols-le-Fort depuis 2020, a connu de manière directe cette forme de violence qui frappe les élus locaux. Elle échange avec Laurent Jaoul, son homologue de Saint-Brès : « Moi, en 2017, il y a eu un individu qui a voulu mettre une balle à sangliers dans ma tête.
Et quand les gendarmes sont arrivés, il leur a tiré dessus ! » Les anecdotes se succèdent, illustrant la réalité quotidienne des maires : « T’es qui toi ? Tu te prends pour qui ? » « Alors qu’ils te connaissent, que tu leur as alloué un logement social. » « Et les réseaux sociaux ? Là, c’est du harcèlement ! » « Nous sommes les souffre-douleurs de la société ! » Le maire, un citoyen pas comme les autres S’en prendre à un policier, tout le monde le sait, ça peut coûter cher. Eh bien pour un maire, c’est pareil. Dépositaire de l’autorité publique, il n’est pas un citoyen comme les autres puisque reconnu “officier de policier judiciaire”. À ce titre, il peut constater des infractions sur sa commune, transmettre des informations au procureur et… il a même le pouvoir de dresser des procès-verbaux. Le 21 mars 2024, une loi est venue renforcer la protection des élus locaux. Avec 19 articles, alourdissant les sanctions pénales de l’agresseur, l’octroi automatique de la protection fonctionnelle, l’amélioration de l’information… C’est à quelques pas de l’endroit où son interlocuteur l’a saisi par le col, le poing levé avant que les policiers municipaux n’interviennent, que le maire de Pérols, Jean-Pierre Rico, a accueilli ce vendredi matin les maires qui l’ont soutenu et prononcé son discours. Avec des mots forts. « Deux fois, j’ai été confronté à l’extrême colère d’individus irresponsables et irrespectueux. Et je ne suis pas le seul. Chaque jour en France, des maires, adjoints, conseillers municipaux sont insultés, harcelés, menacés, frappés et, malheureusement, certains en meurent. » Rappelant alors le drame de Signes, dans le Var, en 2019, où le premier magistrat avait été percuté par un camion qui venait de déposer des gravats. « En 2023, près de 2 300 élus ont été victimes de violences dans l’exercice de leur fonction. Cela représente plus de six élus par jour ayant déposé plainte pour une agression. » François Commeinhes, venu de Sète : « Je suis agressé régulièrement ». Sur cette place de la mairie, ils sont une quinzaine de maires et d’élus, écharpe tricolore en bandoulière. La ministre déléguée Patricia Miralles est présente, les sénateurs Grand et Bourgi, les maires de Castelnau, Saint-Georges-d’Orques, Vendargues, Villeneuve-lès-Maguelone, Mauguio… François Commeinhes aussi est là, « soutenir un ami. Je suis agressé régulièrement. Il y a quinze ans, j’ai pris un coup de poing par quelqu’un qui pissait sur une porte d’entrée. Il y a trois ans, pareil, lors d’une inauguration. Ça fait vingt-quatre ans que je suis maire, oui, ça a encore évolué, depuis cinq ans je dirais. Je pense que les réseaux sociaux ont exacerbé les pulsions. Mais on résiste ». Des pistes ? Les réseaux sociaux ? Au micro justement, Jean-Pierre Rico a mis en avant cinq pistes qui pourraient aller dans leur sens : « supprimer l’anonymat des réseaux sociaux, renforcer les sanctions contre les agresseurs d’élus avec des procédures rapides, soutenir les élus victimes de violence, restaurer une culture de dialogue ». Une procédure plus rapide ? Le maire de Pérols apprécie déjà qu’en huit jours après sa plainte, l’homme a été interpellé, entendu, présenté au procureur puis au juge des libertés et placé sous contrôle judiciaire. L’agresseur répondra de son acte en mai prochain devant le tribunal. Ceci grâce à une loi votée le 21 mars 2024, renforçant justement la protection des maires (lire par ailleurs). « C’était mardi, je vais porter plainte ». « La violence n’est pas que physique », souligne le sénateur Jean-Pierre Grand, maire de Castelnau-le-Lez durant 34 ans, qui évoque la violence militante. « On n’en peut plus. Chacun pense qu’il est détenteur de la vérité. ce qu’on vit, c’est fou ! » Lui pense au dossier de déplacement de la clinique du Parc à Sablassou. À Castelnau justement, Frédéric Lafforgue prend un autre exemple, à la suite de son arrêté municipal interdisant sur sa commune la projection d’un film jugé raciste. « Cette semaine, quelqu’un a appelé l’état-civil et il m’a menacé de mort. C’était mardi. Je vais porter plainte. » Une histoire sans fin ?
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