La Brigade Ukrainienne « Anne de Kiev »: Scandales et Problèmes de Communication

Guerre En Ukraine Nouvelles

La Brigade Ukrainienne « Anne de Kiev »: Scandales et Problèmes de Communication
UkraineFranceBrigade Anne De Kiev
  • 📰 LaCroix
  • ⏱ Reading Time:
  • 377 sec. here
  • 16 min. at publisher
  • 📊 Quality Score:
  • News: 182%
  • Publisher: 68%

La brigade ukrainienne « Anne de Kiev », formée en partie en France, est confrontée à des scandales de désertions et de problèmes de commandement. Des révélations sur des pertes humaines importantes et un « chaos organisationnel » soulèvent des questions sur l’efficacité de cette unité, considérée comme un symbole du partenariat militaire entre l’Ukraine et la France.

Le calme de cette journée d’hiver dans le Donbass, une région de l’est de l’ Ukraine , est soudainement troublé par le bruit sourd d’un canon Caesar de la brigade « Anne de Kiev », en partie formée en France et actuellement rongée par les scandales.Les hommes de cette unité se battent en effet contre deux ennemis : les Russes mais aussi les maux dont elle souffre et qui trouvent leur origine à l’époque de l’URSS.

Baptisée en l’honneur d’une princesse de Kiev devenue reine de France au Moyen-Age et inaugurée en grande pompe par le président Emmanuel Macron, la brigade était supposée être la vitrine du partenariat militaire entre l’Ukraine et la France. Mais elle fait objet d’une controverse depuis son récent retour de France, où ont été formés 2.300 des 4.500 soldats qui la composent. Un journaliste ukrainien, Iouri Boutoussov, a multiplié les alertes, affirmant notamment que 1.700 ont déserté, pour la plupart avant même que leur unité ne soit déployée sur le front, dont 50 pendant leur formation en France.Des artilleurs de la 155e brigade mécanisée distincte des forces armées ukrainiennes se préparent à tirer un obusier automoteur César de fabrication française vers des positions russes dans un lieu non divulgué de la région de Donetsk, le 6 janvier 2025 / Genya SAVILOV / AFP Il a aussi évoqué des pertes humaines importantes et un « chaos organisationnel » aux premiers jours de son engagement dans la zone de Pokrovsk, une ville clé du front oriental. La brigade n’avait que très peu de drones, pourtant essentiels, et une partie de son artillerie a été transférée vers d’autres unités, de même que certains de ses soldats pour « colmater les trous » en termes d’effectifs, a affirmé le journaliste. Problèmes « systémiques »Ces révélations ont eu l’effet d’une bombe à un moment où l’armée ukrainienne est dans une situation très difficile et recule depuis des mois dans l’est devant les forces russes plus nombreuses et mieux armées.Un artilleur de la 155e brigade mécanisée distincte des forces armées ukrainiennes se prépare à tirer un obusier automoteur César de fabrication française vers des positions russes dans un lieu non divulgué de la région de Donetsk, le 6 janvier 2025 / Genya SAVILOV / AFP Elles ont aussi soulevé des questions sur l’utilité de tels projets, le président ukrainien Volodymyr Zelensky ayant appelé ses alliés occidentaux à former et à équiper 14 brigades.L’Ukraine a annoncé mercredi l’arrestation d’un commandant d’unité de la brigade pour avoir « quitté » son service et avoir « incité ses hommes à le faire ». Elle a aussi organisé lundi une visite de presse dans la brigade pour tenter d’éteindre l’incendie, tandis que Paris a reconnu « quelques dizaines » de désertions pendant la formation, jugeant le phénomène « marginal ». Le colonel Taras Maksimov, nouveau commandant de la 155e brigade mécanisée distincte des forces armées ukrainiennes, s'exprime lors d'une réunion avec des journalistes dans un lieu tenu secret dans la région de Donetsk le 6 janvier 2025 / Genya SAVILOV / AFP Devant la presse, dont l’AFP, Taras Maksimov, le nouveau commandant de la brigade, est apparu tendu. « Tout ce qui est dit dans les médias est faux », a assuré le colonel, dont le prédécesseur a été limogé en décembre.Mais quelque heures plus tard, son supérieur, le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Mykhaïlo Drapaty, très respecté dans l’armée, avait un ton différent.« Je confirme bien sûr qu’il y a eu des problèmes avec le commandement et le processus de formation », a admis le général devant plusieurs médias, dont l’AFP, mais « peut-être pas à l’échelle (...) présentée ».Le commandant des forces terrestres ukrainiennes Mykhailo Drapaty s'adresse aux journalistes dans un lieu tenu secret de la région de Donetsk, le 6 janvier 2025 / Genya SAVILOV / AFP « Nous prenons certaines mesures, notamment en matière de formation et de coordination, pour que cette unité militaire soit réellement prête à remplir ses missions », a-t-il ajouté. « Nous prenons certaines mesures, notamment en matière de formation et de coordination, pour que cette unité militaire soit réellement prête à remplir ses missions », a-t-il ajouté.De tels problèmes sont « systémiques pour d’autres brigades », a encore reconnu l’officier. « Ce n’est pas un secret ».Héritage soviétiqueLe président ukrainien Volodymyr Zelensky visite des troupes combattant sur la ligne de front sud dans la région de Zaporijjia, le 12 décembre 2024 / Handout / Service de presse de la présidence ukrainienne/AFP Les difficultés causées par une communication verticale - en particulier entre les unités sur le terrain, l’état-major et l’équipe du président Volodymyr Zelensky, le commandant suprême de forces armées, persistent depuis le début il y a trois ans de l’invasion russe de l’Ukraine. Des responsables civils se sont plaints de rapports incomplets et tardifs de l’état-major, mettant en cause le travail de généraux formés quand l’Ukraine faisait partie de l’Union soviétique.Parfois, la présidence a même directement vérifié auprès d’unités des informations fournies par le commandement.Fin novembre, un commandant d’unité très réputé, Pavlo Palissa, diplômé d’une école militaire américaine, a été nommé chef adjoint du cabinet de M. Zelensky, justement pour obtenir du front des informations de première main.Ennemies sur le champ de bataille, les armées ukrainienne et russe partagent ce même problème hérité de leur passé soviétique, analyse Franz-Stefan Gady, un chercheur indépendant rattaché au International Institute for Strategic Studies (IISS). Selon lui, il s’agit d’un commandement « hautement centralisé où le pouvoir de décision repose fermement et presque totalement sur des commandants de haut rang, souvent très éloignés du champ de bataille ». Pour la Russie, les conséquences de cette situation sont partiellement gommées par une réserve d’hommes gargantuesque envoyée à la mort.Changer l’espritDes artilleurs de la 155e brigade mécanisée distincte des forces armées ukrainiennes se préparent à tirer un obusier automoteur César de fabrication française vers des positions russes dans un lieu non divulgué de la région de Donetsk, le 6 janvier 2025 / Genya SAVILOV / AFP L’Ukraine a fait des efforts pour lutter contre ce fléau afin de se hisser au niveau de l’Otan depuis l’annexion en 2014 de sa péninsule de Crimée par la Russie suivie par l’éclatement du conflit armé avec des séparatistes dirigés par Moscou. Si une nouvelle génération d’officiers a pu être formée, l’ensemble du système n’a pas été changé en profondeur et des scandales de corruption et d’abus de pouvoir de la part d’officiers de haut rang éclatent régulièrement. Cette mentalité soviétique émane principalement du commandement supérieur et « nuit à l’efficacité opérationnelle », car la rigidité et la micro-gestion étouffent « l’initiative » et entraînent des pertes plus importantes, relève le Franz-Stefan Gady.Des militaires évoquent aussi le problème de commandants intouchables qui rejettent toute faute sur leurs subordonnés. « Plus votre grade est élevé, moins les lois s’appliquent à vous », décrivait récemment le sergent et influenceur Valery Markous dans une vidéo. Le commandant des forces terrestres ukrainiennes Mykhaïlo Drapaty s'adresse aux journalistes dans un lieu tenu secret de la région de Donetsk, le 6 janvier 2025 / Genya SAVILOV / AFP Il n’est pas rare que les soldats aient « peur » de leurs commandants, admet pour sa part Mykhaïlo Drapaty. Cet « esprit post-soviétique doit être éradiqué », lance-t-il. Sur le front est, le chef d’une division d’artillerie composée de canons Caesar, Serguiï Strakhov confirme à l’AFP que des problèmes de communication persistent entre soldats sur le terrain et officiers supérieurs.Mais il estime que le changement est amorcé et que les commandants appliquant la méthode soviétique « sont moins nombreux qu’autrefois ».

Nous avons résumé cette actualité afin que vous puissiez la lire rapidement. Si l'actualité vous intéresse, vous pouvez lire le texte intégral ici. Lire la suite:

LaCroix /  🏆 25. in FR

Ukraine France Brigade Anne De Kiev Désertions Problèmes De Communication Commandment Guerre Scandales

France Dernières Nouvelles, France Actualités

Similar News:Vous pouvez également lire des articles d'actualité similaires à celui-ci que nous avons collectés auprès d'autres sources d'information.

Des Désertions au sein de la Brigade 'Anne de Kiev' Forme en FranceDes Désertions au sein de la Brigade 'Anne de Kiev' Forme en FranceL'armée française a formé la brigade ukrainienne 'Anne de Kiev' en France, mais des désertions et des problèmes ont été signalés.
Lire la suite »

La brigade « Anne de Kiev », formée en France, victime de commandants ukrainiensLa brigade « Anne de Kiev », formée en France, victime de commandants ukrainiensDes soldats ukrainiens à Bakhmut, dans le Donbass, en janvier 2023. 
Lire la suite »

Desertions dans la brigade ukrainienne « Anne de Kiev »Desertions dans la brigade ukrainienne « Anne de Kiev »Un journaliste ukrainien affirme que près de 1.700 soldats de la brigade « Anne de Kiev », formée et équipée en partie par la France, ont déserté avant même d'être déployés sur le front. Kiev a ouvert une enquête pour déterminer la véracité des accusations et examine les éventuels abus de pouvoir et désertions.
Lire la suite »

Br Brigade « Anne de Kiev »: Enquête sur des abus de pouvoir et des désertionsBr Brigade « Anne de Kiev »: Enquête sur des abus de pouvoir et des désertionsLes enquêteurs ukrainiens enquêtent sur des accusations d'abus de pouvoir et de désertions au sein de la brigade « Anne de Kiev » formée et équipée en partie par la France. Une controverse a éclaté depuis le retour de la brigade de France, avec des accusations de formation chaotique et de déploiement précipité sur le front.
Lire la suite »

La brigade “Anne de Kiev”, un coup médiatique qui se termine en désastreLa brigade “Anne de Kiev”, un coup médiatique qui se termine en désastreEn octobre, la 155e brigade mécanisée, baptisée “Anne de Kiev”, avait été présentée sur les réseaux sociaux par Emmanuel Macron en personne. Équipée et entraînée par la France, saluée à l’époque par les médias ukrainiens, elle n’a connu depuis que des déboires, affirme le journaliste Iouriy Boutoussov.
Lire la suite »

Commandant ukrainien admet des 'problèmes' dans la brigade 'Anne de Kiev'Commandant ukrainien admet des 'problèmes' dans la brigade 'Anne de Kiev'Le commandant des forces terrestres ukrainiennes, Mikhaïlo Drapaty, a reconnu lundi 6 janvier 'des problèmes' au sein de la brigade 'Anne de Kiev', en partie formée et équipée par la France, après des révélations de presse sur des cas d’abus de pouvoir et de désertions. Il a confirmé la présence de problèmes liés au commandement et à la formation, tout en assurant que le nombre de désertions de soldats formés en France était 'minime'. Parallèlement, l'armée ukrainienne affirme infliger des pertes aux forces russes dans la région de Koursk, où elle contrôle des centaines de kilomètres carrés de territoire depuis août 2024.
Lire la suite »



Render Time: 2025-02-12 10:16:52