L'Héritage de Jean-François Kahn: Un Homme de Presse et d'Aventure

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L'Héritage de Jean-François Kahn: Un Homme de Presse et d'Aventure
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Cet article est un hommage à Jean-François Kahn, un journaliste français renommé pour son audace, son esprit libre et son impact sur la presse. L'auteur, un ami proche de Kahn, raconte son arrivée aux « Nouvelles littéraires » et la transformation qu'il opéra sur le journal, le poussant vers un modèle plus engagé et politique. L'article évoque aussi la création de « L’Evénement du Jeudi », un projet ambitieux qui témoigne de la vision innovante de Kahn.

Et soudain, Jean-François. Une tornade. Un ouragan. Un tsunami. C’était à la fin des années 70, aux « Nouvelles littéraires », où je faisais timidement mes débuts et dont le propriétaire, Philippe Tesson, venait de confier la direction à Jean-François Kahn . Notre petite équipe le regarda d’abord d’un drôle d’œil, un peu méfiant.

Que venait faire, dans notre hebdomadaire culturel et tranquille, fondé par Maurice Martin du Gard en 1922, ce journaliste trépidant qui avait couvert la guerre d’Algérie pour « Le Monde » et « L’Express », où il révéla les dessous de l’affaire Ben Barka, signait des éditos cinglants sur Europe 1, posait aux politiques, dans « L’heure de vérité », les questions dérangeantes qu’en ce temps-là, personne n’osait leur poser, disait préférer l’opérette à l’opéra, raillait les intellectuels en chaise longue et les notables germanopratins ? On l’apprit très vite. JFK, dont l’unique modèle était alors Victor Hugo, voulait que les « Nouvelles » fussent à la fois littéraires et politiques, qu’elles suscitent chaque semaine un débat d’idées, qu’elles dérangent l’ordre établi, cassent les codes et les dogmes, bousculent le confort des hebdos généralistes, qu’il appelait avec ironie des « hebdos moquettés ». Stupeur et tremblements dans notre petite rédaction, où les critiques de littérature, de cinéma, de théâtre, de musique ou d’art, qui n’en demandaient pas tant, furent sommés d’aller sur le terrain, de devenir reporters, d’interviewer des députés, de suivre en campagne les candidats aux élections, de faire le siège des QG, ou d’organiser dans nos bureaux, près de la Bastille, où nous fêterions bientôt, en compagnie de Louis Aragon, la victoire de François Mitterrand, les premières assises nationales pour l’abrogation de l’arrêté Monory et l’instauration du prix unique du livre. Résultat : en quelques années, les « Nouvelles littéraires » quadruplèrent leurs ventes pour frôler les 100 000 exemplaires. Contre « les stalinismes de gauche et de droite » Mais le succès ennuyait Jean-François. Bientôt il rêva de créer, sur un modèle totalement inédit et avec des milliers de petits actionnaires, « L’Evénement du Jeudi », où nous l’accompagnâmes, comme un seul homme, en 1984. C’est qu’avec lui, tout était possible, sa douce folie était contagieuse et notre métier, une aventure permanente. Il bouillonnait, on bouillonnait. À cet esprit libre, qui tenait de Pic de la Mirandole et d’Emile de Girardin, professait un centrisme offensif, tenait avec Jean Prévost qu’il faut se battre violemment pour des idées modérées, condamnait pareillement « les stalinismes de gauche et de droite », vitupérait la pensée unique, écrivait tantôt des poèmes politiques, tantôt des esquisses d’une philosophie du mensonge ou d’une phénoménologie de l’altérité, et que, parfois, l’on peinait à suivre tellement il pensait vite, je dois mes plus belles et joyeuses années dans la presse écrite. En décembre dernier, un soir où l’on dînait ensemble et où il cachait mal les souffrances que son corps brisé lui faisait endurer, j’avais encore voulu lui exprimer ma vieille gratitude pour tout ce qu’il m’avait apporté, enseigné. Mais il balayait toujours d’un revers de la main les preuves d’amitié et de fidélité. Comme tous les grands sensibles, Jean-François dissimulait ses émotions sous des rires de stentor et une écriture manuscrite illisible. C’est le même qui, apprenant en 1970 que son père, le philosophe Jean Kahn, venait de se suicider en se jetant d’un train, n’avait pas voulu décommander les amis qu’il avait, ce jour-là, invités à dîner. Never explain, never complain. Aujourd’hui, Jean-François n’est plus. Mais je ne sais pas, comme lui, faire comme si de rien n’était. Je n’ai pas la pudeur de masquer qu’il me manque déjà et que je le pleure

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