Féministe de la première heure, Élisabeth Badinter estime dans son dernier opus titré « Messieurs, encore un effort » que le combat féministe en France est « au milieu du gué » : il n’est toujours pas gagné dans la sphère privée. Entretien
Élisabeth Badinter : « La dénatalité est le résultat d’une charge maternelle trop forte »C’est la place des hommes à la maison qu’interroge Élisabeth Badinter dans son dernier livre, « Messieurs, encore un effort… », publié chez Flammarion Plon.
Et puis, de l’autre côté, il y a ces exigences qu’on porte au-devant de la mère : si vous avez un enfant vous lui devez tout, l’allaitement à la demande pendant 6 mois au minimum, le partage de la chambre conjugale avec le bébé, et puis ensuite il faut l’élever selon les principes de l’éducation bienveillante, qui est non seulement très très difficile pour les femmes qui travaillent et qui en plus, a beaucoup de défauts.
Alors oui, on peut augmenter les congés de maternité ou de paternité, donner plus de sous pour rester à la maison, etc. Mais ce n’est pas ça qui va résoudre les contradictions ; il restera toujours cette idée traditionnelle qu’en devenant mère, la femme devient une mère avant tout et avant sa propre condition de femme. Et si les femmes partagent le monde extérieur avec les hommes, eux ne partagent pas l’intime et le privé.
En ce qui concerne les enfants, la maternité, la natalité, on a toujours parlé aux femmes. Et dans tous les pays industrialisés qui se trouvent face au même problème, c’est-à-dire des femmes qui travaillent, la natalité baisse.
Oui, c’est primordial, d’autant que, même s’il y a eu des progrès depuis les années 70, les femmes supportent de moins en moins leur fardeau. Certains deviennent souvent agressives ou font des burn-out. Elles n’en peuvent plus de la double journée, que n’ont pas les hommes ! On assiste à un vrai mécontentement des femmes.
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