L'Académicienne Dominique Bona nous dévoile les destins fascinants de femmes artistes qui ont marqué l'histoire grâce à leurs talents et leur lutte pour la liberté. Dans son nouvel ouvrage « Destins de femmes », elle retrace la vie de créatrices exceptionnelles comme les sœurs Heredia, Berthe Morisot, Yvonne et Christine Rouart, Jeanne Voilier et Colette. L'auteure aborde également l'importance de protéger et enrichir la langue française face à l'invasion des anglicismes.
L'Académicienne Dominique Bona est reconnue pour ses magnifiques biographies. Son dernier ouvrage, « Destins de femmes », rassemble cinq histoires impressionnantes: les sœurs Heredia, Berthe Morisot, Yvonne et Christine Rouart, Jeanne Voilier, Colette... Un véritable hommage aux femmes! Ces femmes ont cherché à créer, à aimer et à être libres. Est-ce aussi votre désir ?\Vous avez préfacé un rapport de l’Académie française sur les anglicismes, « N’ayons pas peur de parler français ».
D’où vous vient cette conscience de l’importance de la langue ?\Berthe Morisot, les sœurs Heredia, Colette… Mes héroïnes sont des artistes, mais c'est mon regard qui les relie. Mon approche est impressionniste. J'essaie de raconter leurs vies par touches successives, en restant légère. Ma quête est de créer l'intimité. Bien sûr, l'idéal est d'exister pleinement, mais pour toutes, ce fut difficile. Elles ont dû affronter le monde professionnel à une époque où rien n'était fait pour les aider. Par exemple, les Beaux-Arts ont été fermés aux femmes jusqu'en 1897. De plus, si la maternité a épanoui certaines, elle a pu en empêcher d'autres, comme ce fut le cas pour Edma, la sœur de , qui a dû renoncer à son art, alors qu'elle était tout aussi douée que pour la peinture. La vie de famille l'a dévorée. Je n'invente pas, je ne romance pas : tout repose sur un travail rigoureux de documentation, d'archives. Je me donne cette ascèse. Mais j'applique l'art du roman : je privilégie le portrait, le récit et même l'intrigue proprement dite. Sur l'ambition d'exister, sur le couple ou la maternité, ces femmes ont beaucoup à nous dire. J'admire la passion qui les maintient vivantes. Et aussi le courage qu'il leur a fallu. Je les décris simplement, sans chercher à faire d'elles des modèles, mais je leur dois beaucoup : chacune, à sa façon, m'a aidée à vivre. Un rapport de l’”Académie française sur les anglicismes, « N’ayons pas peur de parler français ». D’où vous vient cette conscience de l’importance de la langue ?\J'ai toujours été sensible aux mots, à la musique des phrases. Je dois cela à mon père qui était un conteur merveilleux. Ses histoires m'ont bercée dans mon enfance. L'éveil à la langue et à la littérature est venu de là. J'étais heureuse de participer à l'élaboration de ce rapport. Le français est un patrimoine que nous avons en partage avec 300 millions d'individus sur la planète. Il ne faut pas craindre ses évolutions. Mais ces dernières années, l'invasion du ‘franglais’ est l'équivalent d'un tsunami. L'Académie interpelle ceux qui nous gouvernent ou nous administrent. Ils devraient être les premiers à donner l'exemple. Une langue est faite pour être comprise de tous et toutes. Ces mots qui surgissent à l'emporte-pièce sont souvent obscurs. 'Fake news' fait son chemin mais que dire de 'crowdsourcing’ à la SNCF ou du 'pick-up station' à la Poste ? Face à un monde de plus en plus complexe, utiliser les mots dans une langue qu'on ne maîtrise pas ne facilite pas les choses. Quand le langage de l'administration devient incompréhensible, les citoyens qui n'ont pas un niveau d'études bac + 10 peuvent légitimement se sentir exclus. Le risque est aussi celui d'un fossé entre les générations. L'Académie est soucieuse de mettre en garde sur ce double danger
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