CHRONIQUE - Bientôt trois ans de guerre ont acté la déchirure entre la Russie et le monde libre. Le journaliste russe et dissident Dmitry Glukhovsky raconte en spectateur incisif ce bal des âmes mortes qui commence vraiment avec le retour de Poutine en 2012.
« Ne vous plaignez pas, nous ne sommes pas en 1937 ! », a dit un jour Vladimir Poutine pour souligner la clémence de son règne de 25 ans. 1937 fut l’une des nombreuses années noires du stalinisme , qui fit 40 millions de morts - qu’on nous pardonne ce chiffre qui est une moyenne entre la fourchette basse de 20 millions et la fourchette haute de 60 millions, cette dernière avancée jadis par Alexandre Yakovlev, le grand architecte de la perestroïka.
Cette allusion poutinienne à l’année 1937 est rappelée par Dmitri Glukhovsky dans son Journal sous dictature. C’est un compliment que Poutine se fait à lui-même. Il se considère, tout comme Staline, comme un homme à poigne et un patriote, mais, à ce stade, beaucoup plus libéral que son prédécesseur géorgien. Son libéralisme n’est pas très généreux, reconnaissons-le.
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