Camille Lopez, l'ouvreur de l'Aviron Bayonnais, a développé une signature : un coup de pied transverse vers l'aile opposée qui permet régulièrement de scorer des essais. L'ancien Clermontois explique cette stratégie et son succès.
C'est sa signature, sa « spéciale », même s'il s'en défend. Depuis le début de saison, le demi d'ouverture mauléonnais a offert trois essais à ses équipiers bayonnais sur des coups de pied transversaux en direction de l'aile opposée. « Putain, t'en fais marquer un tous les week-ends ! Tu ne m'aimais pas, c'est pas possible ! » Le message est envoyé avec le sourire.
L'ailier clermontois Marvin O'Connor l'a adressé à son ancien équipier Camille Lopez, généreux pourvoyeur d'essais pour ses nouveaux copains de l'Aviron Bayonnais. Sans être atypique, l'offrande est suffisamment répétitive pour interpeller : passe au pied de l'international français (28 sélections) en direction de l'aile opposée. Essai dans la foulée. La signature Camille Lopez. « Non, non, décline l'intéressé. C'est un geste qui appartient un peu aux numéros 10. Quand l'occasion se présente, il faut la saisir. » Lui n'hésite pas. À Toulon (1re journée), face au Racing (2e journée) et contre l'UBB (4e journée), la scène s'est répétée en forme de copier-coller. Seul le nom du finisseur variait. Rémy Baget, Teiva Jacquelain, Denis Marchois : qui sera le prochain ? « Forcément qu'on va être pisté, mais si les défenses se resserrent moins, ça voudra dire qu'elles laisseront des espaces ailleurs » Y aura-t-il un prochain, d'ailleurs ? Sa diagonale de fou est de plus en plus scrutée et attendue. Le demi d'ouverture le sait. Ça ne l'inquiète pas outre mesure. « Forcément qu'on va être pisté, mais si les défenses se resserrent moins, ça voudra dire qu'elles laisseront des espaces ailleurs. Le tout, c'est de manipuler ces défenses, de les amener à un endroit ou un autre, pour essayer de les contourner, de trouver des espaces. On va éviter de taper dans un mur, surtout quand, entre guillemets, on n'est pas très costaud… » Ce n’est pas une mauvaise idée : l’un des murs les plus épais du Top 14, le rochelais, se dresse ce samedi à Jean-Dauger. « On demande au talon de lancer droit comme on me demande de mettre le ballon au bon endroit pour essayer de faire marquer ».Camille Lopez amorce sa « spéciale », ici avec Clermont. « Une fois, on en avait abusé contre une équipe qui fermait tout », se souvient-il. Si la « spéciale » Lopez permet d’éviter un problème tout en offrant une solution, n’allez pas croire qu’elle est le simple fruit de l’improvisation. « C’est une communication, ce n’est pas de mon simple fait, précise l’ouvreur, de retour comme titulaire ce samedi. Il y a la vision du 10, c’est notre rôle, mais forcément, la com’ des autres joueurs compte aussi. », lors du dernier match à domicile contre Bordeaux-Bègles. « Denis (Marchois) m’appelle, raconte Lopez. Son annonce est bonne mais le problème, c’est qu’il y a un espace un peu moins grand que lors des deux précédentes, avec deux trois-quarts pas loin. Quand tu la revois à la vidéo, on a beaucoup de chances. Le rebond est nickel, le ballon va dans les bras de Denis. » À tel point que certains fans de l’Aviron, admiratifs de la technique soyeuse de leur numéro 10, pensent même que le gaucher l’a anticipée dans sa frappe du coup de pied. « Il ne faut pas exagérer, se marre Lopez. On ne va pas se prendre pour d’autres. On a de la chance que le rebond aille bien sur Denis. Il y aura des fois où il ira en arrière et on sera baisé (sic), tout simplement. » L’évolution du rugby, avec des défenses en place, agressives et resserrées, a transformé le jeu au pied en arme offensive beaucoup plus utilisée. « Une fois, à Clermont, on en avait abusé contre une équipe qui fermait tout, se souvient-il. Elle laissait beaucoup d’espaces. Ce sont des occasions qui se présentent. On gagne la ligne d’avantage sur un truc. La défense se fait un peu « brècher », donc se resserre. » Derrière, Lopez agit.. « On est à cinq mètres de leur ligne. Je vois que Aymeric (Luc) est resserré et laisse une zone derrière lui. Je sais aussi que je prends zéro risque puisqu'on a un avantage en cours. Je tente la passe au pied. Si elle passe, tant mieux, si elle ne passe pas, on revient au même endroit avec une pénalité. C’est un coup gagnant. On a eu le temps de communiquer avec Rémy (Baget). » Parfois, dans la précipitation, les coéquipiers n’entendent pas « le code ». Ou il n’a pas le temps de l’annoncer,. Teiva Jacquelain finira quand même l’action. « C’est dans le jeu. Il y a une brèche. Leur ailier (Benmergal) prend nos deux Fidjiens (Maqala et Buliruarua) sur le dos. On récupère le ballon. C’est complètement ouvert là-bas (NDLR : il montre l’aile depuis la tribune de Jean-Dauger). On fait un temps de jeu qui n’aurait pas été nécessaire avec les gros, mais ça arrive parfois, dans la précipitation. Après, Guillaume (Rouet) m’entend, me file le ballon et… » Distribution du bonbon. « C’est ma responsabilité de réaliser ce geste le mieux possible. On demande au talon de lancer droit comme on me demande de mettre le ballon au bon endroit pour essayer de faire marquer, d’aider l’équipe.
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