Cet article explore la commémoration d'Auschwitz, son rôle historique et politique, ainsi que les questions qu'elle soulève sur la Shoah et le génocide. Il souligne l'importance des témoignages et de l'histoire pour comprendre ce qui s'est passé et pour lutter contre toute forme de négation et de révisionnisme.
En 1995, des survivants célèbres, Elie Wiesel et Simone Veil, entouraient Lech Walesa, le président d'une Pologne nouvellement démocratique. Mais l'apogée des commémorations fut en 2005, avec de nombreux chefs d'État ou de gouvernement (Jacques Chirac, Gerhard Schröder, Vladimir Poutine...), et des centaines de survivants. Romani Rose s'est exprimé au nom des 20 000 Tsiganes également assassinés. Wladyslaw Bartoszewski a quant à lui parlé pour les prisonniers politiques polonais.
Désormais, il reste très peu de survivants et c'est leur présence qui compte davantage que leurs témoignages, déjà connus. Comme toutes les commémorations, celle d'Auschwitz est un moment d'émotion. C'est aussi un moment politique, mais dans le monde incertain où nous vivons, on peut se demander quel message sera délivré cette année. L'histoire est le récit des faits vérifiés du passé. Elle dépend des sources disponibles et des questions qu'on lui pose. Si elle est datée, elle ne se périme pas. La mémoire, en revanche, est toujours au présent, dépendante du contexte sociétal et politique. En 2005, nous étions pleins d'optimisme. On pouvait croire au triomphe de la démocratie ; les pays de l'Est, Pologne, Hongrie... venaient d'entrer dans l'Union européenne. Le « plus jamais ça » semblait possible. Mais que sont devenus les libérateurs russes qui avaient découvert Auschwitz, quand Vladimir Poutine prétend que l'invasion de l'Ukraine prolonge la guerre contre le nazisme ? Depuis 2015, suite à l'annexion de la Crimée, Auschwitz est devenu la métonymie de toutes les victimes du nazisme, et même de celles de tous les génocides et massacres de masse. Comme l'incarnation du Mal dans l'histoire, qui se retrouve jusque dans les films. Statistiquement, c'est le plus grand cimetière juif, polonais et tsigane, avec plus de 1,1 million de morts. C'est aussi le lieu où ont été déportés des Juifs de toute l'Europe nazie : des Néerlandais, dont Anne Frank et Etty Hillesum, des Hongrois comme le Nobel de littérature Imre Kertész, des Italiens comme Primo Levi, des Français... Le complexe d'Auschwitz (Auschwitz I, Birkenau et Monowicz) a exercé trois fonctions : camp de concentration, camp de travail et camp d'extermination. Si une partie des Juifs y était « sélectionnée » pour le travail, notamment dans l'usine de caoutchouc synthétique de l'IG Farben où travailla Primo Levi, la majorité, à partir de juillet 1942, furent assassinés dès leur arrivée. En 1943, avec la construction des quatre installations intégrées, chambres à gaz-crématoires, Birkenau devient le premier lieu de leur destruction quasi industrielle. Et pour faciliter l'assassinat de quelque 350 000 Juifs hongrois au printemps 1944, une voie ferrée mènera les trains jusqu'au pied des chambres à gaz. « Faire de l'histoire, c'est aller visiter les morts pour qu'ils retournent moins tristes dans leurs tombeaux », écrivait Victor Hugo. Écrire l'histoire, c'est user de toutes les sources possibles. Les archives, mais aussi les témoignages qu'il faut entendre ou lire. Seuls ceux-ci, surtout quand ils émanent de grands écrivains – comme Charlotte Delbo (1913-1985), dont les ouvrages sont saisissants –, permettent d'approcher ce que ces hommes et ces femmes ont vécu. Au-delà, il faut aussi tenter d'appréhender le comment et le pourquoi du génocide des Juifs. Je travaille sur la Shoah depuis un demi-siècle, et la stupeur me reprend parfois. Pourquoi les nazis ont-ils dépensé autant de ressources, même quand la défaite était certaine, pour aller chercher des bébés, des vieillards, et les conduire dans ce trou perdu qu'est Auschwitz pour les assassiner ? Cela reste irrationnel, et même inimaginable. L'histoire ne peut apporter de réponse
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