Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol fait face à une crise politique sans précédent après son arrestation mercredi, une première pour un chef d'État en exercice en Corée du Sud. Cette action intervient suite à sa tentative infructueuse d'imposer la loi martiale en décembre dernier.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a été arrêté mercredi lors d'une descente des enquêteurs, une mesure sans précédent qui reflète la crise politique engendrée par sa tentative infructueuse d'imposer la loi martiale début décembre.
Après une première tentative infructueuse au début janvier, des agents du Bureau d'Enquête sur la Corruption des Hautes Personnalités (CIO) et de la police sont arrivés en nombre avant l'aube à la résidence transformée en forteresse où l'ancien procureur s'est retranché depuis des semaines dans un quartier huppé de Séoul. Après avoir dû franchir le mur d'enceinte à l'aide d'échelles sous les yeux de milliers de partisans du dirigeant de droite, l'équipe de procureurs a annoncé son arrestation à 10h33 (01h33 GMT), avant de l'emmener dans ses locaux. Jamais un chef d'Etat en exercice n'avait été arrêté en Corée du Sud. Dans une allocution télévisée à la nation, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol imposait la loi martiale le 3 décembre 2024 / Jung Yeon-je / AFP « J'ai décidé de répondre à l'appel du Bureau d'Enquête sur la Corruption », a déclaré M. Yoon dans un message vidéo, ajoutant qu'il ne reconnaissait pas la légalité de l'enquête mais qu'il s'y soumettait « pour éviter toute effusion de sang malheureuse ». Suspendu par les députés et visé par une enquête pour « rébellion », un crime passible de la peine de mort, Yoon Suk Yeol avait jusqu'alors toujours refusé de s'expliquer, poussant les procureurs à recourir à des mandats d'arrêt afin de l'y forcer. Son interrogatoire a débuté à 11h00 locales (02h00 GMT). Il peut être maintenu en garde à vue pendant 48 heures en vertu du mandat en cours. Les enquêteurs devront en demander un nouveau pour éventuellement prolonger sa détention. Les forces de l'ordre pénètrent dans la résidence du président déchu Yoon Suk Yeol à Séoul le 15 janvier 2025 / ANTHONY WALLACE / AFP Sous le coup d'une procédure de destitution, M. Yoon est dans la tourmente pour avoir instauré brièvement la loi martiale le 3 décembre, une mesure choc qui a rappelé les heures sombres de la dictature militaire. Il l'avait alors justifiée par sa volonté de protéger le pays des « forces communistes nord-coréennes » et d’« éliminer les éléments hostiles à l’Etat ». Au sein d'un Parlement cerné par des soldats, les députés avaient déjoué ses plans en votant un texte exigeant la levée de cet état d'exception. Mis sous pression par les élus, des milliers de manifestants pro-démocratie et contraint par la Constitution, Yoon Suk Yeol avait dû obtempérer. Le 3 janvier, le Service de sécurité présidentiel (PSS), chargé de protéger les chefs de l'Etat, avait bloqué la tentative initiale du CIO d'exécuter le premier mandat d'arrêt contre M. Yoon. Pour leur deuxième descente, motivée par un nouvel ordre d'arrestation, les autorités avaient prévenu qu'elles appréhenderaient quiconque ferait obstruction. De brèves altercations ont d'abord éclaté devant le portail de la résidence, où campaient des milliers de partisans résolus à défendre M. Yoon, certains scandant « Mandat illégal ! », a constaté l'AFP. Des équipes du CIO et de la police ont ensuite dû franchir le mur d'enceinte à l'aide d'échelles avant de passer outre des barrages de véhicules. Au cours de sa progression, la police a arrêté le chef par intérim du PSS, a rapporté l'agence de presse Yonhap. La résidence du président déchu Yoon Suk Yeol à Séoul le 15 janvier 2025 / ANTHONY WALLACE / AFP L'arrestation de Yoon Suk Yeol est « le premier pas vers le retour de l'ordre », a salué Park Chan-dae, chef des députés du Parti démocrate (principale force de l'opposition) au Parlement. « L'histoire se souviendra inévitablement que le CIO et la police ont exécuté un mandat injuste et illégal », a pour sa part fustigé Kweon Seong-dong, son homologue du Parti du pouvoir au peuple (PPP) dont est issu M. Yoon. Le chaos « terminé », le président du Parlement Woo Won-shik a appelé à concentrer les « efforts sur la stabilisation des affaires de l'Etat et sur le rétablissement des moyens de subsistance de la population », l'économie ayant été secouée par cette crise qui risque de se prolonger. La Cour a jusqu'à la mi-juin pour se prononcer sur la motion de destitution votée le 14 décembre par les députés. Suspendu, M. Yoon reste officiellement président en attendant le verdict de la juridiction qui pourra le démettre définitivement et convoquer des élections, ou le rétablir dans ses fonctions. Mardi, la Cour constitutionnelle a formellement lancé son procès avec une première très courte audience. M. Yoon ne s'est pas présenté, invoquant des « inquiétudes » concernant la sécurité. La procédure continuera même sans lui. Une deuxième audience est prévue jeudi. cdl-hj-tmt-lpa/gmo/
Corée Du Sud Yoon Suk Yeol Arrestation Loi Martiale Politique Crisis
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